Quatre amies font du longe côte. Elles me sourient comme si j’étais des leurs. Je fais simplement les génuflexions de rigueur. Je réponds toutefois par un signe de tête et par bonté d’âme.
Par ici les articulations sont très sollicitées. Un jeune homme, accroupi et consciencieux, prend appui sur sa main gauche et, avec la droite, étale une bonne couche d’apprêt sur les jambes étendues de sa compagne qu’il appelle tantôt ma puce tantôt Mathilde.
Le résultat est parfaitement homogène. Il ôte finalement le ruban de masquage collé mentalement le long des plinthes : pas une seule trace sur la serviette ! Il s’en félicite et s’essuie les mains sur son short de bain avant de retrouver l’ombre. Ça tape aujourd’hui.
Maintenant je guette (je ne suis pas la seule) l’arrivée toujours très ponctuelle de la Fille aux Tétons Pâles. C’est-à-dire qu’elle est quasiment brûlée au troisième degré, sauf les aréoles qu’elle crème du bout de l’index — les deux en même temps — imitant les rondes hypnotiques du tourne-disque qu’il faut imaginer là posé devant un miroir. Le tout en veillant à ne pas accrocher le bout des mamelons avec ses longues capsules faites de plastique et de strass.
Sur sa fesse droite, un papillon grésille.
Sur la gauche, rien ne se passe.
Au centre, imperceptible, un bout de ficelle.
Une comptine.
La chevelure vinyle ainsi que partout des paillettes éblouissent les goélands qui la laissent alors manger tranquille son triangle de crudités et puis des carrés aux amandes.
À 13h tapantes, une mère de famille munie d’une fourchette sort une à une les saucisses de la glacière et les jette sur le campingaz planté un peu plus loin, entre une pile de chaises et un bac à couverts. Le père de famille, par ailleurs gardien de but dans un club amateur, en rattrape certaines au vol en disant Hop. Le reste de la famille compte les points. L’arbitre a particulièrement faim. Même celle tombée dans le sable, il s’en fiche il la veut il l’aura. En rab.
Le sable la chapelure. Ici comme à la maison on gâche rien.